Qui sont ces maires qui se lancent dans la coopération décentralisée? Qu’est-ce qui les pousse sur cette voie? Petite ou grande ville…? Difficile d’en dresser un portrait robot. Et si c’était affaire de tempérament, de caractère?
Michel ALBIN est maire de Ray-sur-Saône une petite commune rurale de Bourgogne-Franche-Comté dans l’Est de la France: environ 200 habitants et un château magnifique du Xème siècle reconstruit en style classique au XVIIIème. Comment ce petit coin de France en est venu à tisser des liens avec le village de Khenchara à près de 4000kms de là? Quelles problématiques les ont-ils rapprochés? Beaucoup de points communs finalement, quand il s’agit d’évoquer avec ces homologues libanais la préservation du patrimoine, les rapports aux citoyens, aux administrations… Un détail: Michel ALBIN est président de l’association “cités de caractère”… et de caractère, il en est beaucoup question dans son interview. Le regard droit écoutez-le: “Au départ, avec mon association on n’était pas très écouté… maintenant on nous écoute un peu plus!.. une porte fermée chez nous ce n’est pas une porte close, c’est seulement une porte qu’on ne veut pas nous ouvrir… alors on les ouvre!”. Il en va ainsi d’un volontarisme de gouvernance qui puise son sel dans la légitimité citoyenne et un esprit de responsabilité assumé. Si la coopération est partage d’expérience, elle est ici portée par une ferveur humaniste que l’on espère universelle.
Georges YOUSSEF est une boule d’énergie. Maire de Menjez, au nord Liban, sa commune est dotée d’un héritage archéologique exceptionnel (un temple romain en basalte, un château fort croisé et 87 tombes mégalithiques). Son esprit coopératif est un des moteurs de son action. Déjà, plusieurs États et des universités étrangères le soutiennent pour développer un projet de territoire autour des patrimoines, culturel et naturel. S’il mobilise les habitants de sa commune, la jeunesse est aussi une de ses préoccupations. Le développement, la formation et la construction de perspectives professionnelles valorisantes sont en effet indispensables pour retenir les jeunes générations au pays.
Eric PENSALFINI est maire de St Max, 10.000 habitants, près de Nancy. C’est la diaspora libanaise qui a éveillé son désir de s’engager avec Amchit, à 40 kms au nord du Liban. L’éducation, la gestion des déchets, l’entretien des voiries sont autant de sujets à partager. Avec la volonté d’entrainer toute l’agglomération nancéienne dans cet aventure. Mais la réciprocité avec le Liban n’en n’est pas moins importante. Toucher au plus près leur capacité à travailler ensemble malgré des communautés différentes, sans compter la gestion de milliers de réfugiés, amène une certaine humilité, une certaine tolérance pour aborder les problèmes locaux quotidiens.